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Appel à communications

 

Le débat sur les nouvelles formes de travail et d’emploi prend aujourd’hui une ampleur considérable. Pour nombre d’observateurs et de journalistes, les sociétés occidentales seraient en voie d’« ubérisation », néologisme dérivé du nom de la désormais célèbre plateforme de mise en relation de chauffeurs privés et de particuliers usagers. L’entreprise Uber symbolise en effet l’émergence d’un capitalisme de plateforme, qui bousculerait tant l’organisation collective du travail que les formes d’emploi. Derrière le cas d’Uber se profile plus largement un nouveau modèle économique dans lequel des entreprises ayant la forme de  plateformes numériques jouent le rôle d’intermédiaires entre clients et prestataires de service, ainsi qu’entre demandeurs et offreurs de travail. Au-delà du secteur du transport de personnes, des plateformes se sont ainsi développées dans de multiples domaines, tels que la livraison à domicile (Deliveroo) ou la fourniture de logement (Airbnb). Certains de ces nouveaux acteurs économiques sont devenus en quelques années des firmes multinationales (Airbnb, Uber, etc.), affichant des chiffres d’affaires colossaux, et ont été érigés en emblèmes de la nouvelle économie numérique. Ce colloque international sera consacré à l’analyse des nouvelles pratiques économiques et de travail induites par ces plateformes numériques.

Le programme  de recherche transdisciplinaire CAPLA, financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) de 2016 à 2019, se propose d’étudier les effets sociaux du capitalisme de plateforme. Ce colloque sera l’occasion de mettre en perspective les résultats de cette vaste enquête empirique, principalement conduite en France, avec d’autres travaux de sciences sociales portant sur le cas français, mais aussi de donner une large place au dialogue avec des travaux menés dans d’autres pays.

A titre indicatif, les propositions de communication pourront explorer les thèmes suivants :

  • Structuration sociale du capitalisme de plate-forme : Quels sont les profils sociaux de ces nouveaux prestataires de services ? Dans quelles configurations de ressources (compétences professionnelles, capital économique, patrimoine) et de contraintes (difficultés d’accès à l’emploi, vie familiale) proposent-ils leurs services sur ces plateformes ? Par-delà l’idéal de « l’économie collaborative », comment se recomposent les inégalités dans ces nouvelles formes de mise au travail ? Entraînent-elles une nouvelle division internationale du travail ?

  • Marchandisation du « hors travail » : En quoi l’économie numérique redessine-t-elle une nouvelle fois les frontières entre travail professionnel, travail domestique et travail bénévole ? Comment participe-t-elle de la marchandisation d’activités jusque-là exercées hors du cadre du travail légalement rémunéré ? Certaines de ces activités peuvent-elles finir par être reconnues comme du travail ? Dans quelle mesure la marchandisation du « hors travail » peut-elle impulser un processus de professionnalisation ? Quelles en sont les répercussions sur les professions et les métiers existants ? Des processus de normalisation de la qualité des produits ou des services échangés se mettent-ils en place ?

  • Statuts d’emploi et modes de travail : Quelles sont les fonctions exactes exercées par l’intermédiaire ou la plateforme : mise en relation, coordination, contrôle de la qualité ? Par quels canaux et grâce à quels dispositifs la plateforme parvient-elle à organiser le travail ? Quelles en sont les conséquences sur le travail ? Les plateformes participent-elles de sa transformation? Sous quels statuts juridiques ces travailleurs exercent-ils ?

  • Régulations juridiques et politiques des nouveaux acteurs économiques : Comment les pouvoirs économiques, politiques, les juges et les autorités de régulations interviennent-ils pour encadrer et réguler l’activité de ces plates-formes selon les contextes nationaux ? Dans quelle mesure assurent-ils une protection des droits élémentaires des travailleurs ? De quelle protection sociale bénéficient ces travailleurs ? En quoi se différencie-t-elle de celle des salariés ? Quels rôles jouent les instances de protection plus habituelles des travailleurs (syndicats, organisations professionnelles) ? Les travailleurs des plateformes inaugurent-ils des modes de mobilisation spécifiques ?

 

Les communications pourront avoir lieu en français ou en anglais.

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